Garder son cerveau en santé

Ma grand-mère paternelle avait la maladie d’Alzheimer. Je me souviens d’un jour, quand j’étais enfant, avoir entendu un de mes cousins lui répondre, alors qu’elle répétait la même question: « mais, Mamie, ça fait 3 fois que je te le dis ». Et j’ai pu voir, dans le regard de ma grand-mère, un immense et profond désespoir que je n’oublierai jamais.

Puis plus tard, mon père a aussi commencé à oublier, à perdre l’odorat, le goût, le sens de l’orientation… il a essayé de masquer ses déficiences, de faire toujours plus de mots croisés, puis de retenir ses colères subites, par peur du diagnostic… Il a commencé à développer un comportement parfois étrange, incontrôlé, voire violent et il s’est mis à boire. Il y avait un déni bien compréhensible, mais bien difficile à vivre pour son entourage. Il s’exprimait très peu, probablement par peur d’être jugé ou que l’on ne réalise son état. Il avait parfois l’air dans un autre monde.

C’est une maladie mystérieuse qui ressemble par certains côtés à un éveil spirituel (présence dans le moment présent, détachement du passé et des désirs)… La maladie a empiré d’année en année, mais elle semble étonnamment avoir régressé dans sa dernière année, comme si l’acceptation lui apportait plus de conscience.

Quand un proche vit une maladie dégénérative, on souhaite naturellement l’aider. Alors, lorsque je suis devenue professeure de yoga, j’ai cherché toutes les ressources qui pourraient l’aider et j’ai écrit un guide pour stimuler et harmoniser le cerveau. Puis j’ai même développé une formation de yoga spécialisée pour aider les personnes ayant différents troubles du cerveau ou du système nerveux (stress, dépression, anxiété, Parkinson, Alzheimer, fibromyalgie, SEP, commotion cérébrale…).

Du point de vue des neurosciences, il est essentiel de stimuler tout le cerveau: au niveau sensoriel (musique, toucher, massage, odorat, goût, visualisation), moteur (yoga sur chaise, marche, natation, sports, tricot…), énergétique (respiration, coordination avec mouvements simples), artistique (peinture, écriture, danse, chant, musique …), social (discussions, jeux, loisirs, bénévolat,…), cognitif (sudoku, mots croisés, bridge, lecture…), mnémonique (en particulier mémoire spatiale). En fait, il est important de renforcer ce que l’on veut conserver, y compris sa capacité d’adaptation par de nouveaux apprentissages. Il est aussi essentiel de développer une dimension spirituelle ou religieuse, de donner un sens à sa vie.

Le yoga propose une multitude d’outils pour stimuler le cerveau:

– Respiration : conscience du souffle, allongement de la respiration, respiration alternée, (nadi shodana avec et sans comptage), synchronisation mouvement-respiration

– Yoga des yeux : stimulation et détente des yeux pour favoriser la vitalité et harmoniser l’activité cérébrale

– Yoga du son (nada): Brahmari,  mantras (SoHam…),

– Postures: Tadasana, Utkatasana, Virabhadrasana pour la stabilité et l’ancrage, les postures d’équilibre (Vrikshasana, Natarajasana, Garudasana, Ardha chandrasana…), les inversions (ex Adho mukha svanasana, Viparita karani) s’il n’y a pas de contre-indications, postures d’ouverture en cas de dépression, yoga restauratif/régénérateur (avec la tête bien supportée)…

– Conscience du corps: des articulations (Pawan Muktasana), en particulier mouvements de la tête (Sirsa Chakrasana), balancements…

– Mudras: Hakini, Vayu mudras…

– Relaxation: musculaire, automassage, en musique, Yoga Nidra

– Visualisations: le jardin intérieur, couleurs, grain d’or…

– Développement de l’attention: concentration et description d’un objet, phosphénisme

– Méditation: active (marche), assise, contemplation, oraison, prière

Du point de vue de l’Ayurveda, la maladie d’Alzheimer est due à un déséquilibre du dosha Vata (éléments air et espace). Il faut donc favoriser les légumes cuits, l’utilisation d’huile, la méditation pour calmer le mental. Des herbes spécifiques peuvent aussi aider.

Porter attention à son mode de vie, en particulier à:

– l’alimentation (saine, variée, aliments riches en omega 3, antioxydants, vitamines B, …)

– le sommeil (qualité et durée, siestes, pièce fraiche et aérée)

– le contact avec la nature, l’exposition au soleil (marche, jardinage)

– une bonne hydratation (boire beaucoup d’eau), thé vert et modérément vin rouge et café

– certaines diètes spécifiques peuvent être utiles en cas d’intolérances alimentaires.

– amalgames dentaires sans mercure (neurotoxique).

Comment accompagner une personne?

Il est essentiel de respecter ses propres besoins et limites, et de demander de l’aide, car accompagner un malade au quotidien est extrêmement exigeant. Les associations et centres de jour spécialisés sont très utiles pour les aidants comme pour les aidés.

Utiliser son sens de l’humour et son imagination pour détourner l’attention lors des moments difficiles est un grand atout. Le plus important est d’être présent, à l’écoute de ce que vit l’autre, sans attentes, sans jugement, autant que possible dans la confiance et la Paix.

Publié dans le Journal du Yoga n 219

Photo de Gunjan Bhattacharjee sur Pexels.com

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