
INTRODUCTION
Les jambes, si elles ne comportent pas d’organes essentiels, sont pourtant indispensables pour soutenir et permettre le déplacement du corps, et symboliquement, pour avancer avec confiance dans la vie. Beaucoup de personnes ont des problèmes de genoux, de circulation dans les jambes, de sciatique,… et si une meilleure posture corporelle pouvait aider à réduire ces symptômes? Quel est le rôle des muscles et comment les jambes participent-elles à la posture naturelle d’aplomb?
SYMBOLIQUE DES GENOUX
D’une certaine façon, les genoux sont liés à notre position sociale et à notre capacité à s’abandonner, à être flexible et à accepter avec humilité ce qui est plus grand que soi.
Depuis les temps anciens, l’agenouillement est un geste de profond respect envers un supérieur. Dans l’empire byzantin, les sénateurs devaient s’agenouiller devant l’empereur. En Europe, pendant le Moyen-Âge, chacun devait montrer un profond respect au roi ou aux nobles en posant le genou gauche au sol.
De nos jours, ce même geste se fait encore, parfois, dans les cultures occidentales, lorsqu’un homme veut demander une femme en mariage traditionnellement.
La génuflexion (l’action de poser un genou au sol) est aussi un acte d’adoration et est toujours utilisée dans les pratiques religieuses chrétiennes en signe de révérence: le coeur s’incline devant Dieu. Alors que l’agenouillement (les deux genoux au sol) est très répandu lors de la prière.
ANATOMIE
Les genoux
Le genou est la plus grosse et l’une des plus importantes articulations du corps. Il joue un rôle essentiel dans tous les mouvements en position debout pour supporter le poids corporel dans les directions horizontale (course et marche) et verticale (saut).
Le genou met en relation trois os (fémur, rotule et tibia). Il permet presque exclusivement des mouvements de flexion-extension de la jambe avec la cuisse. Une légère rotation interne et externe du genou est possible, mais elle peut seulement se produire en flexion. Des ligaments apportent la stabilité nécessaire en limitant l’amplitude des mouvements.
Lorsqu’il est en légère hyper extension, le genou est verrouillé par des ligaments qui sont alors tendus et toute rotation devient impossible (genou « bloqué » ou « calé » vers l’arrière). Il est donc préférable pour garder la flexibilité de la jambe, de toujours plier légèrement les genoux en posture debout et de prendre soin de ne jamais les bloquer vers l’arrière lorsque les jambes sont tendues (dans de nombreuses postures de yoga).
L’amplitude de la flexion (mollet-cuisse) est maximale lorsque la hanche est elle-même fléchie (cuisse-bassin) au maximum. D’où une meilleure capacité de s’accroupir lorsque le bassin est en antéversion.
Pathologies:
Les problèmes aux genoux touchent près d’un quart de la population, et il s’agit très majoritairement du syndrome rotulien (inflammation au niveau de la rotule). Les personnes les plus touchées sont les sportifs (coureurs, marcheurs en haute montagne, cyclistes…), ainsi que les personnes qui portent de lourdes charges et les personnes obèses. Les symptômes peuvent être limités en minimisant les contraintes et la pression sur les genoux: en améliorant l’alignement de la jambe, en portant le poids du corps sur les talons, en cherchant à étendre complètement la jambe, et si nécessaire par l’utilisation de supports pour reporter le poids du corps.
On peut observer deux formes de déformation angulaire du genou: le genu varum (jambes arquées) et genu valgum (jambes en X). L’angle fémur-tibia normal est un léger valgus entre 170° et 175°.
Il est important de tenir compte des déformations présentes afin de ne pas les amplifier: en portant attention à l’alignement de la posture, on peut toujours l’ajuster, quelles que soient les activités quotidiennes (postures de yoga, posture de travail assise etc). Si nécessaire, demandez conseil à des professionnels.
Les muscles
Quatre groupes de muscles permettent de maintenir la stabilité du genou et d’effectuer des mouvements de la jambe: le quadriceps, (muscles en avant de la cuisse), les ischio-jambiers (muscles en arrière de la cuisse), les adducteurs (muscles du côté intérieur) et les abducteurs (côté extérieur de la cuisse).
Équilibre musculaire
Il est essentiel qu’il y ait un bon équilibre entre la tonicité (ou force) des muscles et leur souplesse (ou flexibilité). La force d’un muscle correspond à sa capacité à mettre en mouvement, à supporter du poids, à accomplir un travail. La souplesse correspond à sa capacité à réaliser un mouvement complet dans l’aisance, sans difficulté.
Pour améliorer la force des muscles, il faut les faire travailler suffisamment, de façon répétitive, sans toutefois créer d’épuisement des muscles. Quant à la flexibilité, elle peut être améliorée par des étirements et/ou la relaxation des muscles, s’ils sont trop tendus (divers exercices seront proposés dans le prochain article).
Selon nos activités journalières, sportives et notre posture quotidienne, certains groupes de muscles peuvent être très sollicités et d’autres très peu, ce qui crée des déséquilibres (en particulier entre les muscles avant et arrière de la cuisse). Cela risque d’entrainer des compensations, des tensions, voire différentes pathologies.
– Il est important que chaque muscle (ou groupe de muscles) soit dans un état d’équilibre optimal. S’il est trop fort, trop tonique et contracté, il devient court et empêche toute flexibilité de l’articulation. S’il est trop relâché, trop long, trop faible, il ne protège plus l’articulation et le risque de blessure augmente.
Par exemple, le groupe des muscles adducteurs, à l’intérieur de la cuisse est souvent peu sollicité. Si ces muscles sont trop tendus, cela peut limiter la flexibilité et l’aisance des mouvements.
– Il est aussi important de développer un bon équilibre entre tous les groupes de muscles, pour que chaque muscle (ou groupe) travaille de façon adéquate, dans une juste mesure, selon le mouvement et le contexte.
Par exemple, les quadriceps peuvent parfois être trop forts par rapport aux ischio-jambiers et autres muscles (surtout pour les coureurs, les cyclistes…), cela peut entrainer un manque de flexibilité. Dans d’autres cas, certaines personnes présentent une grande flexibilité des ischio-jambiers (personnes hyperlaxes ou pratiquant les sports de combat, …); elles peuvent facilement se blesser et manquer aussi de flexibilité pour certains mouvements. Les personnes qui pratiquent peu de sport et restent assises une grande partie de la journée peuvent avoir des muscles ischio-jambiers courts, tendus, ce qui risque d’entrainer des problèmes de dos et un manque de flexibilité.
– Si plusieurs muscles en avant de la cuisse se rattachent sur le fémur, en revanche le muscle droit de la cuisse (au centre) est attaché à l’os de la hanche ainsi que les ischio-jambiers en arrière de la jambe. Il y a donc une forte interaction entre la position du bassin et les muscles de la cuisse. Ceci a de nombreuses conséquences et sera développé plus tard.
– En position debout, l’équilibre sur une jambe légèrement fléchie (par exemple Vriksasana, la posture de l’arbre, en yoga) doit nécessairement être maintenu par le travail des muscles des cuisses (quadriceps et rotateurs).
– De même, le travail de ces muscles est toujours nécessaire dans la marche. Cet aspect sera détaillé dans un futur article.
Équilibrer les forces musculaires des jambes permet d’optimiser l’utilisation des muscles, en la limitant à leur fonction propre. Cela sera très bénéfique pour éviter les tensions inutiles et les blessures, avoir plus d’énergie (moins de fatigue) et aussi et surtout pour trouver plus de mobilité et de flexibilité au niveau des articulations (coxo-fémorales, genoux et chevilles).
L’articulation coxo-fémorale, qui relie la jambe au bassin, est extrêmement importante dans la posture naturelle d’aplomb. En effet, cette posture ne peut apparaitre que lorsque les muscles des cuisses sont pleinement détendus et les ischio-jambiers allongés vers le haut.
Dans le prochain article, de nombreux exercices seront proposés pour travailler les différents groupes de muscles de façon à libérer les tensions dans les hanches et laisser l’aplomb se placer dans la posture.
Publié dans la Revue numérique de Yoga Partout