Le concept de temps

On passe notre temps à courir après le temps, à manquer de temps, perdre son temps, essayer d’en gagner, et parfois le partager, avant d’avoir fait son temps…

Mais, en fait, qu’est-ce que le Temps ?

Etymologiquement, le mot « temps » vient du grec « temno » qui signifie  « couper, séparer ».

En cherchant à se fabriquer des repères, l’homme a donc créé des séparations arbitraires. Les premiers calendriers étaient basés sur le cycle de la terre et des saisons. Aujourd’hui, les horloges atomiques utilisent plutôt les propriétés de la matière comme référence. Par définition, la seconde correspond à la mesure temporelle très précise d’un cycle d’un atome. Mais cette précision est illusoire car la durée des jours solaires est variable, et n’est donc pas identique à la durée fixe des jours calendaires.

Temps linéaire à l’occidental et temps cyclique à l’oriental

Culturellement, le temps est généralement perçu en relation avec la condition humaine : l’immortalité des dieux ou l’éternité de Dieu, la permanence du cosmos et la vie éphémère de l’homme.

Selon la tradition judéo-chrétienne, le temps est universel, d’origine divine et limité par la Création et l’Apocalypse. Le temps de vie terrestre est considéré comme un temps d’espérance avant la délivrance : le retour au divin. La vision occidentale du temps se résume par une flèche linéaire, orientée du passé au présent et du présent vers le futur. Le temps est considéré comme objectif, irréversible et inéluctable, il correspond à la succession d’événements, agissant sur le monde et les êtres.

En revanche, le bouddhisme propose une vision cyclique du temps qui se retrouve à travers la croyance en la réincarnation. Dans la philosophie indienne, le temps absolu, Kala, est une manifestation de Dieu, l’essence de l’univers. Le temps est éternel, sans début ni fin. Passé, présent et futur existent simultanément à chaque moment de l’existence. Le temps présente à l’infini des cycles appelés Kalachakra qui sont des cycles de création, préservation et de destruction (représentés par les dieux Brahma, Vishnu et Shiva), la mort n’est pas une fin mais la porte d’un nouveau commencement. Kala peut aussi être représenté par le dieu de la mort. La mort étant ce qui limite la vie humaine, le temps engendre un sentiment de limitation. Le temps de vie est considéré comme un temps d’introspection, d’évolution. Lorsque l’état de dualité disparaît, l’état d’unité (samadhi) intemporel, sans début ni fin, apparaît.

La pratique du yoga permet de nous canaliser dans le moment présent, pour vivre la plénitude de l’instant. Plus l’attention est focalisée dans la présence, plus l’expérience est profonde. Le passé et le futur n’existent pas à l’instant présent, mais ils se reflètent dans la présence. La création a lieu dans la présence. Le yoga nous guide vers une plus profonde connaissance de soi, par l’observation de la vie qui nous anime, en prenant conscience de nos cycles intérieurs (respiratoire, cardiaque, digestif, hormonal, mental…) La méditation nous amène à voir et accepter l’impermanence de tout ce que nous vivons. Elle nous guide vers l’essence.

Temps objectif, scientifique et temps subjectif, psychologique

En science, le temps a d’abord été utilisé comme un paramètre déterminé, mesurable pour expliquer le mouvement, les changements de la matière. Puis, en astrophysique, le temps a été considéré comme une dimension de l’univers pour décrire son évolution. Mais la théorie de la relativité a montré que le temps est relatif (dépendant de l’observateur), et intimement lié à l’espace. Il est une propriété de l’univers plutôt que son cadre.

La physique quantique montre que des phénomènes ne peuvent être expliqués dans l’espace-temps que nous connaissons (transmission instantanée d’informations, particules qui voyagent plus vite que la lumière, observations qui dépendent de choix futurs… La réalité est que tout est possible à chaque instant (avec une certaine probabilité) jusqu’à ce qu’une forme soit observée.

En revanche, le temps psychologique est subjectif, dépendant de nos perceptions, nos croyances, nos jugements, nos attentes… Le  travail mental permet de développer patience, équanimité et d’accepter l’impermanence. Lâcher prise permet de découvrir l’espace intérieur intemporel, l’essence de la vie.

Temps dualité, limité, et temps unité, illimité

Si le futur peut influencer le présent, comme le démontre la physique quantique, alors passé, présent et futur sont-ils vraiment différents, séparés ? Le temps existe-t-il vraiment en tant qu’entité distincte, limitée? Le temps est-il un paramètre fondamental pour égrener notre vie ? Ou bien est-il une création mentale qui n’a pas d’existence propre? La musique, le nada yoga offre une réponse inspirante : l’absorption, la dissolution, la présence à ce qui est là, au-delà des mesures, de la mélodie, du rythme, du silence. Nous sommes tout cela en même temps, dans un temps infini, sans forme, impermanent et éternel.

Au-delà du temps linéaire figurant sur nos agendas, au-delà du temps cyclique, alternance des jours et des saisons, au-delà du temps objectif et du temps subjectif, le yoga et la méditation nous amènent à découvrir la véritable présence intemporelle à ce qui est là.

Alors, laissons le temps au temps, pour vivre pleinement maintenant !

Publié dans le Revue Virtuelle de la Fédération Francophone de Yoga n 13

Photo de samer daboul sur Pexels.com

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